GLOBAL RECYCLING DAY – 18 MARS 2021 JMR – Journée Mondiale du Recyclage

Recycling is an untold story – Ce qui se cache derrière le recyclage

Arnaud Brunet, directeur général du Bureau International du Recyclage (BIR)

C’est de ce constat qu’est né le Global Recycling Day (GRD) il y a trois ans sous l’impulsion du BIR et de ses Présidents. La date du 18 mars est l’héritage de la date anniversaire de création du BIR. L’idée était de raconter au monde ce qu’est le recyclage. Durant cette journée, l’objectif est de mobiliser les leaders mondiaux, les professionnels, les experts, ainsi que les initiatives citoyennes afin de parler du recyclage et de ses bienfaits pour l’environnement ; mettre en lumière cette notion de « septième ressource », les matières recyclables, qui permet d’économiser plus de 700 millions de tonnes d’émissions de CO2 et ce chiffre devrait passer à 1 milliard de tonnes d’ici 2030.

“Il ne fait aucun doute que le recyclage est en première ligne dans la guerre pour sauver l’avenir de notre planète et l’humanité.”

FEDEREC, la Fédération du Recyclage, mais également de grandes entreprises, soutiennent le GRD.

En partenariat avec Actu-Environnement, nous avons pu assister à des Webconférences autour de 4 tables rondes à retrouver en replay :

Table ronde : Les enjeux du recyclage au niveau international

Le constat est simple, il y a un manque de débouchés en France pour les matières premières recyclées, une piste évoquée est la ré industrialisation de la France afin de créer des entreprises qui pourraient consommer ces matières recyclées. Problème, la production de MPR augmente plus vite que les capacités industrielles françaises. A cela s’ajoute des freins à l’exportation des matières recyclées.

On recycle plus, nous sommes en bonne voie mais les débouchés sont insuffisants.

La piste d’obligation légale de taux d’incorporation minimum surtout sur les plastiques pour l’industrie est évoquée mais « l’usine du monde reste la Chine ». Ré industrialiser l’Europe est une tache compliquée et très (trop) longue… les clients sont en Chine et ces clients sont devenus plus exigeants sur la qualité des MPR.

La taxe carbone aux frontières est également un levier pour favoriser les MPR, elle augmente le prix des importations, favorisant ainsi une consommation locale. Cette taxe rendrait donc plus compétitives les MPR vis-à-vis des matières premières vierges. Aujourd’hui, il n’y a pas de dispositif européen en place.

Table ronde : Loi AGEC, quelles opportunités pour la filière du recyclage ?

L’évolution de la réglementation permet de favoriser le recyclage. Entre autres, dans les mesures, on trouve l’obligation d’incorporation de MPR qui parait être l’outil le plus efficace et le plus simple à mettre en œuvre. L’Europe est moteur sur le sujet mais le marché (industriel) est mondial et il existe une complexité à mettre en place une législation homogène dans les autres pays. Il est particulièrement difficile de convaincre les industriels habitués à une logique de marché mais beaucoup moins à une logique de protection de l’environnement et d’économie circulaire.

A cela s’ajoute un handicap historique qui heureusement s’amoindrit avec la prise de conscience collectives : les matières premières recyclées ont une mauvaise image depuis 10 ans mais la tendance s’inverse depuis 2/3 ans favorisant ainsi l’utilisation de ces dernières. Cependant, il faut faire évoluer, par exemple, les normes NF, travailler sur des quotas obligatoires ou primes pour favoriser l’utilisation de MPR particulièrement dans le secteur des emballages.

Grâce aux différentes lois comme la loi AGEC et la loi de transition écologique, on recentre sur le territoire national les utilisations de MPR grâce à ces quotas et primes et l’accès aux décharges doit être limité aux déchets ultimes. Chaque métier va, par ailleurs, se voir imposer des quotas de déchets ultimes. Le recyclage à 100%  sur certaines matières restant impossible, les centres d’enfouissement ont malgré tout une utilité.

Le tri reste au cœur du système, il est l’arme du recyclage. Plus la matière sera triée de manière performante, meilleure sera son prix de revente. Le tri est la clé ! L’incitation au développement de procédés plus performants de tri va se traduire par une hausse des investissements et de la R&D dans les entreprises du secteur du recyclage ; tout particulièrement dans l’optique d’affiner le tri des particules fines.

L’écoconception est également une arme à ne pas négliger. Elle est plus large qu’on ne le pense puisqu’elle englobe le réemploi, la réparabilité, le recyclage, l’utilisation des MPR…

En conclusion, les différentes institutions travaillent sur un ensemble des leviers : évolution des normes, investissement dans le tri, travail sur l’incorporation des MPR…

Les filières se structurent également avec la création de nouvelles REP en 2021 et 2022. A l’image du BTP : la REP bâtiment en cours entrera en vigueur le 1er janvier 2022. Cela offrira une garantie de reprise ou partage de risque entre l’éco-organisme et le recycleur afin de pallier aux risques de variations de coûts des MPR.

Le secteur public est également concerné : les appels d’offre vont être soumis à un nouveau décret, paru il y a quelques jours, afin d’inciter au réemploi et à l’utilisation de MPR. Cela doit illustrer l’implication des territoires dans les achats locaux. Une nouvelle culture doit se mettre en place : d’une logique de prix on passe à une logique de développement durable et de préservation de la ressource.

Table ronde : Pourquoi et comment développer le recours aux CSR ?  

Première installation de production de CSR en 2015, le groupe Péna, avec sa chaîne CORIS, est particulièrement sensibilisé aux problématiques du CSR – Combustible Solide de Récupération issu du Recyclage.

Le gouvernement prend aujourd’hui la pleine mesure de la différence entre CSR et incinération ; une réelle différenciation entre une production d’énergie VS une logique d’élimination de déchets avec une production d’énergie annexe.

Aujourd’hui, environ 350.000 tonnes de CSR sortent annuellement des chaînes de production au niveau national. Une capacité de production sous-exploitée actuellement, l’objectif est clairement affiché : atteindre les 2,5 millions de tonnes de CSR produit.

Beaucoup de projets soutenus par l’ADEME sont en cours afin de favoriser l’installation de chaudières dédiées au CSR. Le gouvernement est convaincu que le CSR est une solution d’avenir.

Actuellement, les principaux consommateurs sont les cimentiers qui estiment consommer dans les prochaines années près d’un million de tonnes de CSR. Les futures installations avoisineront également les 1 million de tonnes.

Le principal frein actuel est purement économique. Il existe un déficit entre le CSR et les combustibles fossiles. De plus, une chaudière à gaz reste moins chère à l’installation qu’une chaudière CSR. A cela s’ajoute une problématique de prix du MWh entre gaz / CSR : 26€ MWh pour du CSR // 15€ pour le gaz. Comment garantir alors à l’utilisateur des coûts raisonnables ?

Malgré le fait incontestable que le CSR rejette moins de carbone que le charbon ou le gaz, l’équilibre économique est sensible.

Actuellement, les cimentiers font payer une redevance indexée sur la TGAP aux fabricants de CSR et ceci pour financer leurs investissements afin de monter leur consommation de CSR à 1 millions de tonnes en passant à 80 voire 90% d’utilisation de CSR. Leur intérêt ici est double puisqu’ils gagnent également en émissions de CO2, ces derniers étant tenus à des quotas carbone.

Le gouvernement et les différentes fédérations cherchent des solutions économiquement viables pour soutenir la consommation de CSR et réduire ainsi celle des combustibles fossiles. Les quotas CO2 sont une piste à long terme et applicable au niveau européen, à plus court terme, des dispositifs de soutien pour diminuer l’écart de compétitivité (dépendance des coûts de la molécule de gaz) sont à l’étude. Pourquoi ne pas proposer un mécanisme de soutien quand le prix du MWh de gaz passe sous un seuil afin de soutenir la consommation de CSR ? On rassure l’utilisateur, c’est un « dérisquage ». Les autres pays européens sont également une source d’inspiration.

Table ronde : Pour une carrière d’avenir dans le recyclage  

Le secteur du recyclage est un secteur qui recrute ! 90% des contrats sont des CDI, l’image du recours à l’intérim est sur évalué. Souvent le statut d’intérimaire émane du désir du salarié lui-même de tester le poste.

Une pénurie sur certains profils se fait particulièrement ressentir sur le secteur mais également au niveau national : logistique et tout particulièrement les chauffeurs routiers, maintenance, R&D, opérateurs de tri, conducteur d’engin…

Le quotidien des hommes et des femmes du recyclage s’est grandement amélioré ces dernières années, les conditions de travail ont évoluées : robotisation, industrialisation, réglementation des sites, normes de sécurité et bien être du salariés (ergonomie, chaînes, confort, digitalisation…)

La particularité du secteur du recyclage réside dans la promotion interne : les possibilités d’évolution sur les postes sont importantes, la promotion interne est une réalité tout particulièrement sur les postes d’encadrement.

La féminisation, environ 25% des métiers du recyclage est mis en avant. Malgré des métiers plus masculins, de plus en plus de femmes intègrent le secteur du recyclage. Plus présentes sur des postes administratifs, elles prennent aujourd’hui d’autres fonctions avec plus de facilité (chauffeurs, conducteurs d’engins, agent de tri…)

La formation est au cœur des préoccupations. Des CQP – Certificat de Qualification Professionnelle -sont légion dans le métier (tri, conducteur de ligne…). Ce sont des métiers valorisants qui donnent du sens à des carrières professionnelles !

Les fonctions commerciales sont également très importantes. Elles demandent par contre, d’importantes connaissances métiers et matières.

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2022-07-27T13:53:08+02:00
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