Le recyclage, une réponse à la sobriété matière

La transition écologique revêt divers aspects, tous impactant pour les entreprises. Devant des tensions grandissantes sur la disponibilité des ressources naturelles, les professionnels doivent changer, eux aussi, leurs modes de « consommation » sous peine de compromettre à la fois leur engagement écologique et leur pérennité. 

Parler de sur-consommation, c’est comme voir uniquement la partie visible de l’iceberg. Avant de consommer, les biens doivent être produits ; une production qui induit une consommation d’énergie, de matières, de ressources… Des années de surexploitation créent aujourd’hui des conséquences néfastes et irrémédiables sur les écosystèmes, la biodiversité, la qualité de l’eau et de l’air… entraînant également un épuisement des ressources limitées de notre planète, suscitant une compétition des industriels.

Devant la crise mondiale actuelle se traduisant par une augmentation des prix des énergies fossiles et de l’électricité, Pierre Galio, chef du service Consommation responsable à l’ADEME, souligne : « il ne faudrait cependant pas que le prisme énergétique masque l’urgence de sujet ̎ matière ̎*. ».

Favorisons les Matières Premières Issues du Recyclage

Aujourd’hui, les industriels doivent économiser les ressources planétaires, en particulier celles dont les gisements facilement accessibles sont limités, comme l’aluminium, ou celles qui sont cruciales pour la décarbonation, telles que le lithium et le cuivre. Le recyclage apparaît alors comme une solution limitant de fait l’extraction de matières vierges en fournissant des matières de « seconde main ». Pour exemple, la fabrication d’une tonne d’aluminium à partir de MPIR – Matières Premières Issues du Recyclage, c’est 93% d’émissions de CO2 en moins qu’un process par extraction.

Dans un premier temps, les produits et équipements sur le marché peuvent bénéficier d’une écoconception, visant à réduire leur impact environnemental. Rappelons que certains plastiques comme les thermodurcissables ne sont pas recyclables ! Privilégions plutôt des thermoplastiques, par exemple, qui peuvent répondre à la majorité des exigences industrielles et se recyclent facilement.

La sobriété à tous les niveaux

Bien que la sobriété progresse, un cap décisif reste à franchir. Actuellement, de nombreuses entreprises s’engagent activement à réduire leurs consommations, mais principalement dans une logique d’efficience (produire autant avec moins), plutôt que dans une logique de sobriété. Si nous regardons l’industrie textile, elle se penche de plus en plus vers des matériaux biosourcés, responsables… mais est-elle prête à tout simplement vendre moins ? Pierre Galio insiste sur la nécessité de sortir des modèles économiques en volume, soulignant l’existence de l’économie de la fonctionnalité et de la coopération (EFC) comme un modèle alternatif solide.

Côté décarbonation, le Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires admet qu’entre 1995 et 2019, les émissions en France ont baissé de 25% mais celles importées ont augmenté de 75% ; c’est-à-dire les émissions générées hors de France pour contribuer à produire certains biens ou services pour les français… La valorisation est là aussi un élément de réponse avec, entre autre, la production de CSR à partir de déchets non recyclables. Cette énergie à destination des industries fortement émettrices de CO2 est produite localement grâce à des déchets collectés aussi localement. On réduit ainsi mathématiquement l’empreinte carbone due au transport. Ajoutons à cela que la part de CO2 biogénique lors de la combustion du CSR est bien supérieur à celui des énergies fossiles. On améliore, là aussi, le bilan carbone tout en préservant nos ressources naturelles, en limitant la dépendance énergétique de la France et en évitant la mise en décharge de ces déchets non valorisables.

Le recyclage en mutation

Les entreprises du recyclage devront également prendre un virage dû aux changements de modes de consommation et à la structuration du marché des déchets avec la multiplication des éco organismes. Il existera toujours des produits en fin de vie, hors d’usage qu’il faudra prendre en charge. Le tri en amont dans les centres de recyclage comme ceux du groupe Péna, qu’il soit automatique ou manuel, sera la clé de voute de l’efficacité de la valorisation matière. Maximisons l’utilité des déchets en leur redonnant une seconde vie qu’elle soit matière ou énergie ; mais surtout donnons une valeur aux MPIR, privilégions ces matières « d’occasion » (plastiques, papiers, bois, cartons, métaux…), elles sont tout aussi tendance et meilleures pour notre planète.

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2024-01-22T15:28:38+01:00
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